Je viens d’apprendre la mort de Stéphane Monclaire, à Cuiaba, des suites d’un AVC. Je suis dévastée. Stéphane, je l’ai connu il y a exactement dix ans, à Paris lors d’une conférence sur le Brésil. Le trouvant passionnant, je suis allée le retrouver à la fin, pour discuter plus. La conversation ne s’est jamais interrompue, ni mon admiration pour lui. Je disais toujours, en l’évoquant, que c’est la seule personne qui m’apprenait toujours quelque chose sur ce pays dont nous sommes tous deux amoureux. Je savais que lui parler, c’était arriver à penser autrement. Je connaissais de mieux en mieux le Brésil, il me surprenait toujours par un angle, un détail qui me ravissait. Nous nous parlions des heures par skype, le soir ici au Brésil, la nuit avancée à Paris. Je le houspillais, « tu travailles trop », « tu es dingue », nous riions beaucoup. Je le citais dans mes papiers, pas assez à mon goût, c’est avec lui que j’apprenais le plus. Un compliment de sa part sur un de mes articles était un trophée. Et les critiques, aussi justes qu’intelligentes.
Quand il venait à Rio, il s’installait chez nous, et nous passions là encore des heures à parler. En français, en portugais. Du Brésil, mais aussi de livres, de musique et d’amour. Il ne se lassait pas de raconter la magie de sa rencontre avec Liliane Campolin Monclaire. On aurait dit un adolescent, un vrai bonheur. Stéphane, le rigoureux, l’inlassable, celui qui débusquait une anomalie dans un sondage effectué dans les villes de 50 à 100 000 habitants dans tel Etat du Nordeste, était aussi capable d’une délicieuse folie. Comme celle de revêtir une tenue du Père Noël et poser dans tous Paris ainsi affublé pour faire rire ses cinq enfants qu’il adorait.
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A Rio, il passait la journée dans les bibliothèques et les librairies avant de nous retrouver autour d’un dîner et de bonnes bouteilles. A quelques heures du départ pour Paris, le fou rire était garanti : il avait acheté tellement de livres pendant son séjour qu’il ne savait comment dissimuler l’excès de poids à la compagnie aérienne. Il en enfouissait alors dans les poches de sa veste et de son manteau. Grâce à lui, j’ai découvert les travaux d’universitaires que seul lui était capable de dénicher. Il était brillant, mais toujours épaté par les bonnes idées de ses collègues, dans les universités les plus reculées du pays. Nous voulions même écrire un livre ensemble, quand il prendrait enfin le temps… J’aurais adoré. Mon Brésil, j’ai appris et à l’embrasser aussi grâce à lui.
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Stéphane, je n’arrive pas à y croire. Je pense tellement fort à toi, à Liliane, à tes cinq enfants, petits et grands, que tu aimais tellement réunir autour de toi, à tes étudiants émerveillés.
Merci, merci de ton amitié.
Via Facebook
Stéphane Monclaire (1957-2016)